Santé

RDC COVID-19 : Le personnel soignant laisse-t-il mourir les malades ?


Depuis la déclaration officielle du Coronavirus sur le sol Congolais le 10 mars dernier, tout est allé relativement vite. La République Démocratique du Congo a continué à enregistrer des cas positif du Covid 19. A travers son compte tweeter, le Docteur Eteni Longondo, ministre de la Santé publique s’était mis depuis, à faire un point quotidien de nouvelles contaminations. Mais vu les circonstances de la communication qui a été faite autour de la première contamination, la population de Kinshasa a eu du mal à prendre la menace Coronavirus au sérieux, et la mauvaise communication n’a fait qu’entamer la confiance des Kinois sur le système de santé du pays. Mais lorsqu’intervient le premier décès, des alertes sérieuses ont commencé à être lancées. Des cas de décès se sont suivis, jusqu’à atteindre, aujourd’hui 11 morts, alors que le pays totalise 123 cas des personnes qui ont été testées positives. 9% de mortalité, l’un des taux les plus élevés du continent, alors que l’Afrique du Sud, le pays le plus touché, en terme de contamination, ne compte que 5 morts sur 1350 cas des personnes infectées.

Voilà qui fait craindre une catastrophe à Kinshasa, ville de plus de 12 millions d’habitants et foyer de Covid 19 en RDC.

A présent la capitale a été mise à l’isolement, le Président de la République a décrété l’Etat d’urgence. Les marchés ont été partiellement fermés, mais la mesure de confinement annoncée par Gentiny Ngobila, gouverneur de Kinshasa le jeudi 26 mars, avait été suspendue le vendredi, alors que le confinement intermittent devait commencer le samedi 28 mars.

Des informations annoncent que le Président devrait décréter des mesures contraignantes. Certes les bars, restaurants et églises ont été fermés, mais Kinshasa est tout aussi mouvementé qu’avant.

Plusieurs spécialistes, à commencer par le Docteur Jean-Jacques Muyembe et aussi Denis Mukwege, respectivement coordonnateur du secrétariat technique de la riposte au Covid (national) et coordonateur dans le Sud-Kivu, craignent « le pire ». Mais qu’est-ce qui explique ce taux de létalité aussi élevé en RDC ?

D’abord au système de santé presque totalement défaillant. Au lendemain de l’éclatement du Coronavirus, le syndicat national des médecins avaient affirmé que la RDC ne compte dans son ensemble que 50 respirateurs. Selon une source proche d’un hôpital de Kinshasa, censé accueillir les malades du Coronavirus, cet hôpital « manque un peu de tout : pas de respirateurs, pas d’extracteurs, de concentrateurs et même tout simplement de bonbonnes d’oxygène ».

A cette insuffisance d’infrastructures, il faut ajouter le manque de motivation du personnel soignant. Les médecins du Congo menacent régulièrement d’aller en grève. Début février, ils avaient repris le travail, en signifiant au gouvernement, qu’en cas de non-respect de ses engagements dans les 60 jours, ils reprendraient la grève. Cette menace arrive à échéance en début avril.

Selon le témoignage poignant de Vidiye Tshimanga, un des proches du Chef de l’Etat, survivant des deux autres proches du Président de la République, morts du Covid 19, le personnel soignant « laisse mourir » les personnes atteintes du coronavirus. Tshimanga raconte qu’après avoir été testé positif, il a été mis en quarantaine à son domicile, « comme c’est le cas avec d’autres malades dont l’état ne nécessite pas impérativement l’hospitalisation ». Vidiye Tshimanga affirme qu’il a dû être « abandonné pendant 48 heures sans voir l’équipe de prise en charge ». Deux jours après, il appelle de son propre gré l’équipe de prise en charge. C’est en ce moment-là, poursuit-il, que le chargé des missions du Président Félix Tshisekedi tombe aussi malade.

On m’apprend ce jour-là que pendant sa semaine de souffrance, il a été balloté entre 3 hôpitaux. Finalement, il sera transféré dans un véhicule sans respirateur. On m’informe que l’un des causes du décès de mon ami et frère était que les équipes médicales sous-informées et craintives de la maladie de Covid 19, ne se sont quasiment pas occupées de lui, ne lui donnant pas les soins adéquats.

D’autres cas de décès des malades mal pris en charge m’ont été relatés », affirme Tshimanga, qui ajoute qu’après des soins, il a pris l’initiative d’aller se faire examiner de nouveau. Une fois à l’hôpital, « une responsable en panique, nous éconduit en clamant qu’elle me connait et que son hôpital refuse les personnes atteintes du Covid 19 ».

Certains hôpitaux refusent de participer à la lutte contre le Coronavirus souvent de peur de faire fuir leur clientèle, conclut Vidiye Tshimanga.

Patrick Ilunga

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